Dominique Rolin dans l’autofiction Dulle Griet (1977) relate la mort de son pere et la periode de deuil qui la suit. Au milieu d’un repas familial, elle voit dans son imagination le tableau Dulle Griet (1562) de Pieter Breughel l’Ancien. Cest a partir de ce moment-la qu’elle s’identifie au personnage eponyme de cette toile: Dulle Griet devient un medium entre elle et son pere mort. Des historiens d’art voient dans le tableau breughelien des references a sa gravure Gula (c. 1556) de la serie Sept peches capitaux. Rolin, dans son ‘ecriture organique’ (Lahache B. 1996) se sert de maintes metaphores alimentaires, ainsi sa memoire devient un ‘ entonnoir digestif ‘ (Rolin D., 2001: 164). D’un cote, Rolin ‘mâche ses souvenirs’ en les reevoquant sans cesse dans differentes configurations, de l’autre – elle veut les vomir et ainsi tuer son passe. Peut-on parler du vampirisme de la memoire?