Dans la publication en sciences humaines, deux figures dominent aujourd’hui : la publication de livres grand public - dont la mesure du succes est le volume des ventes et l’audience du livre dans l’opinion - et l’article de revue - dont la mesure du succes est le fait d’avoir ete selectionne par un comite de pairs, independamment du public qui y aura acces. Ce texte interroge la complementarite apparente de ces deux figures, en mettant l’accent sur trois observations : (i) la premiere est que ces differentes modalites reposent sur une meme hypothese, a savoir que la diffusion des idees devrait s’accompagner d’une transformation des pratiques sociales. Or une telle hypothese correspond de moins en moins a la realite contemporaine ; (ii) dans ce contexte, la complementarite apparente marche/revues dissimule une proximite croissante des modes de diffusion, qui favorise des situations de cumul : un nombre limite de travaux ou d’auteurs demeure valorise, au detriment de la diversite des recherches en cours. Ce processus favorise une course a la publication de plus en plus separee des publics qui pourraient etre vises ; (iii) en sciences humaines, l’Universite n’a pas engage la revolution copernicienne qu’ont connu les sciences exactes, a travers les reseaux de spin-off et start-up, servant d’interface entre l’Universite et la Cite. Mais rien n’empeche qu’une telle revolution ait lieu…