Au début de la pandémie de COVID-19, les pistes et bandes cyclables, qualifiées de « coronapistes », sont apparues comme un moyen simple, rapide et peu onéreux de répondre aux exigences sanitaires de distanciation sociale tout en évitant les conséquences négatives d'un report modal vers la voiture. À partir d'une recherche menée par entretiens et parcours commentés filmés dans cinq métropoles – Grenoble, Lyon, Montpellier, Rennes et Saint-Étienne – auprès de cyclistes expérimenté-es ou débutant-es, l'article analyse comment ces aménagements transitoires ont été perçus et pratiqués selon les contextes, les types d'infrastructures et les compétences des cyclistes. L'article revient dans un premier temps sur la réception des aménagements puis questionne les usages liés à une appréciation de la cyclabilité en termes de confort, de sécurité et de sûreté. Un des résultats est que si les coronapistes ont contribué à stimuler la pratique du vélo, une attention particulière doit être portée au développement d'aménagements lisibles, larges, physiquement séparés, continus et entretenus, notamment pour améliorer le sentiment de confort et de sécurité des cyclistes. L'article conclue sur les intérêts et limites de la dimension tactique dans la mise en œuvre des coronapistes.