Alors que la plupart des travaux sur la politique étrangère des États d’Amérique du Sud se concentrent sur le poids du système international et des dirigeants, cet article traite de l’importance des acteurs parlementaires. À travers une étude de cas sur le Chili, il retrace le processus d’appropriation du pouvoir de contrôle sur l’envoi des troupes dans des opérations extérieures par le Sénat chilien dans un contexte difficile, longtemps marqué par la préservation d’un domaine réservé de l’institution militaire et de l’exécutif sur les questions de défense. Après la dictature de Pinochet, la nécessité d’obtenir une autorisation du pouvoir législatif a fluctué en fonction de l’interprétation de la constitution et d’une loi sur l’emploi des forces armées votée en 1991. En revanche, l’engagement dans les opérations de l’ONU en Haïti à partir de 2004 a conduit à une mobilisation du Sénat aboutissant à un rééquilibrage des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif.