Dans cette tragédie créole, écrite durant son exil à Cuba en 1822 par don José Fernandez Madrid, plus connu dans l’histoire de la Colombie comme le premier président poète de la république, les dimensions (un Allí-Ahora ou Là-bas/Maintenant) de l’Ailleurs sont diverses et cette étude tente d’en explorer les enjeux. En tout premier lieu, l’Ailleurs est mis en relation avec une situation de production spécifique ; ensuite, il s’agit de l’associer à la configuration poétique des personnages et fondamentalement avec ce qui motive leur action ; enfin, on remarque que ce Là-bas/Maintenant appartient à un espace temps évoqué et représenté dans la trame discursive par des références précises, par un ancrage dans le contexte événementiel du moment de la conquête de Tenochtitlán, capitale des Aztèques, par les forces espagnoles commandées par le conquistador Hernán Cortés en 1521. Toutefois, cet « Ailleurs » est symbolisé par la possession d’un secret qui implique la torture et la mort pour ceux qui le gardent. Cela revient à dire qu’il s’incarne dans leurs corps avec les différentes vengeances que le texte met en scène et qui renvoient à l’impossibilité de la possession de cette dimension symbolique, de cette altérité dans laquelle l’Autre fonde les traits essentiels de son identité.