Partant du fait que la conception et l'application du droit grec à l'égard de la prostitution sont inscrites dans une longue tradition réglementariste, cet article analyse les politiques de la prostitution en vigueur en Grèce à l'épreuve des normes de genre et de sexualité. Il en ressort que ces politiques représentent un modèle spécifique de « néo-réglementarisme » conservant les aspects hygiénistes, carcéraux et masculinistes de l'ancien régime. En effectuant une comparaison avec le droit et la politique respectifs en France, nous constatons toutefois une convergence des objectifs principaux, à savoir l'invisibilisation de la prostitution et l'éloignement de personnes migrantes en situation irrégulière. L'importation en Grèce des normes internationales en matière de lutte contre la traite à des fins d'exploitation sexuelle produit une superposition entre idéologies « néo-réglementaristes » et « néo-abolitionnistes ».