Cet article se propose d'étudier la mise en scène de la voix lyrique dans le cinéma muet. Il s'agit d'interroger la représentation visuelle du pouvoir de la voix, le paradoxe esthétique que constitue la figure de la diva au cinéma muet, le rôle de l'évocation de la voix lyrique au niveau de la réception filmique ainsi que sa dimension réflexive dans le médium muet. Se cristallisant de manière paradigmatique autour de la construction esthétique de la figure de la diva « muette », c'est autour de l'élément vocal que se nouent les points de rencontre entre cinéma muet et opéra. La thèse soutenue dans cet article énonce que c'est précisément la « mutité » de la voix qui confère son caractère « opératique » au cinéma. Le moment « orphique » du cinéma muet se révèle alors comme un moment de transgression du visible et de l'audible, de la vie et de la mort, transcendant les époques dans un mouvement de survivance où la mémoire médiatisée, les émotions et les souvenirs individuels se rejoignent.