La sotériologie constitue un chantier de la théologie très riche à approfondir et à explorer. La volonté dernière du Père exprimée par le Fils jusqu’au bout, est fondamentalement salutaire. Toute la prédication, le message et la praxis de Jésus-Christ ont été centrés sur la bonne nouvelle : le royaume de Dieu s’est fait proche. La libération du péché, les guérisons, l’expulsion de démons, l’accueil des pécheurs, la mort sur la Croix, la résurrection témoignent de celle-ci. Ce salut est-il simplement un événement passé ? Pourrions-nous parler d’un continuateur historique du salut déjà apporté par le Christ ? Dans le contexte de la théologie latino-américaine de la libération, en tenant compte de la révélation de Dieu à travers l’économie du salut et grâce à une foi réalisée, à une option pour les pauvres, on affirme qu’il y a dans l’histoire humaine un continuateur de l’oeuvre salvifique commencée de manière définitive par le Fils. Dans ce contexte, Jon Sobrino 1 affirmera que les peuples crucifiés, en étant les continuateurs du serviteur souffrant de Yahvé, portent un salut historique. Cet article, en partant des présupposés christologiques de la pensée sobrinienne, présente le sens et la validité théologique de ce salut historique que porte le peuple crucifié. Dans ce contexte, la catégorie christologique de pro-existence permettra de ne pas tomber dans la justification de la douleur et de la mort des victimes.