Depuis une vingtaine d'années, des barrières frontalières fleurissent le long des discontinuités religieuses, politiques et socio-économiques les plus marquées de la planète. Elles ont pour objectif de filtrer les flux que les gouvernements bâtisseurs considèrent comme dangereux ou indésirables. Cependant, leur matérialité et leur ancrage territorial contrastent avec les flux intenses et déterritorialisés qui caractérisent la mondialisation. Les barrières frontalières ont ainsi une mission paradoxale : contrôler des flux dont l'existence remet en question la légitimité des frontières. Les barrières frontalières, dont l'efficacité est contestée, seraient donc inadaptées. On remarque malgré tout que, dans les grandes démocraties, elles ont un rôle plus subjectif de politique intérieure, rempli par leur pure existence physique et les symboles qu'elles incarnent.